Rencontre: Caroline Néron se dévoile | Clin d'œil
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Rencontre: Caroline Néron se dévoile

L-O-V-E: le mot est écrit en grosses lettres sur son t-shirt, le jour de l’entrevue. Cet amour, la fondatrice de la marque de bijoux qui porte son nom le met dans tout ce qu’elle touche. Que ce soit en soutenant, pour la huitième année consécutive, la cause du cancer du sein, ou encore en accompagnant de jeunes entrepreneurs qui sollicitent son aide. Redoutable femme d’affaires, elle récolte aujourd’hui les fruits mûrs de nombreuses années de travail acharné et compte bien faire profiter les autres de ses apprentissages, souvent acquis à la dure. Rencontre avec une femme d'exception.

 

 

  

Ton association avec Clin d’oeil et la Fondation du cancer du sein du Québec a commencé en 2010. Huit ans plus tard, qu’est-ce qui te motive à poursuivre cette collaboration?  

  

Aider mon prochain est une valeur que mes parents m’ont transmise très tôt. Même quand j’étais une jeune comédienne, une partie de mon salaire était remise à des causes. Je redonnais à ma mesure, mais je le faisais parce que je croyais déjà au karma: la vie sera bonne pour toi si tu fais du bien dans ton entourage. Aujourd’hui, quand j’entends que la Fondation du cancer du sein du Québec nance des programmes de recherche avec l’argent qu’on amasse chaque année, je comprends que ce qu’on fait a un impact direct sur les gens. Ça m’encourage à continuer. 

  

Selon toi, qu’est-ce qui explique que la campagne remporte chaque fois un tel succès? 

  

Les gens font la le pour se procurer le magazine, c’est fou! Certaines clientes collectionnent les bijoux conçus pour la campagne depuis la première édition! On a créé un véritable phénomène. Et, de ce fait, on ne rallie pas seulement les personnes qui ont été touchées par le cancer ou qui ont accompagné un proche dans la maladie, on rejoint aussi ceux qui achètent le Clin d’oeil pour le collier, le bracelet et pour le contenu. Ils se font plaisir et ils aident du même coup. Tout le monde est gagnant. 

  

Pourquoi la cause du cancer du sein te tient-elle particulièrement à coeur?  

  

Il y a plusieurs années, la meilleure amie d’une proche est décédée du cancer du sein. Cette femme était mère monoparentale et, dès qu’elle avait des soucis nanciers, son état de santé en souffrait. J’ai compris à quel point le stress pouvait avoir une incidence négative sur la maladie. À cette époque, je ne pouvais pas l’aider comme je l’aurais voulu. Maintenant, je peux contribuer concrètement à ce que des femmes comme elle en aient moins sur les épaules et puissent se concentrer sur le vrai combat qu’elles ont à mener. 

  

En plus des rôles de comédienne, de chanteuse et de femme d’affaires, tu joues désormais celui de mentore, grâce à ta participation à l’émission Dans l’oeil du dragon. Est-ce stimulant?  

  

Être mentore, c’est être visionnaire... pour les autres! Je suis forte en développement des affaires et en marketing. Alors des idées, j’en ai! Que je nisse par investir ou non dans leur startup, j’offre à tous les entrepreneurs qui visitent le plateau trois heures de mentorat. Ils ressortent tous avec un carnet rempli de notes. C’est un échange extrêmement enrichissant. Je me reconnais chez plusieurs d’entre eux. Et c’est plus facile de donner son avis et des directives quand on n’est pas impliqué émotivement dans le projet. un échange extrêmement enrichissant. Je me reconnais chez plusieurs d’entre eux. Et c’est plus facile de donner son avis et des directives quand on n’est pas impliqué émotivement dans le projet. Je suis leur regard extérieur. 

  

Tu dis que, personnellement, tu n’as pas eu de mentor. Est-ce pour cette raison que tu t’es engagée dans cette voie?  

  

C’est sûr que j’aurais aimé avoir une mentore comme moi! (rires) Lorsque j’étais comédienne, je m’obstinais souvent avec mes gérants parce que j’avais une idée très claire d’où je voulais aller, et que je savais qui j’étais. Ça prend beaucoup d’énergie et une force de caractère pour dire: c’est moi la plus hot. Je le comprends. Je possède également une grande capacité de persuasion, c’est pourquoi j’endosse le rôle de mentore assez naturellement. 

  

 

 

  

Tu donnes maintenant des conférences où tu relates, notamment, ton entrée dans le monde de l’entrepreneuriat. Cette envie de raconter les aléas de ton parcours aux autres est-elle de plus en plus présente?  

  

Chaque fois que je donne une conférence, je la réécris. J’ai toujours de nouvelles choses à dire! Partager son expérience, c’est une occasion de faire le point. C’est sain. Je le fais surtout pour aider les jeunes entrepreneurs à dédramatiser certaines situations: après tout, on fait tous face aux mêmes épreuves, aux mêmes défis... 

  

Quels sujets abordes-tu dans ces conférences?  

  

Je parle, entre autres, de l’importance de déléguer. Au début, c’est l’une des choses les plus difciles à faire. Un jour, l’entreprise grandit et on n’a plus le choix. Mais on résiste, car on pense toujours mieux faire que les autres. On est hands on, comme on dit, puisque c’est notre business, notre argent. Quand on embauche une personne pour nous aider, c'est notre salaire qu'on réduit.  

  

Tu ne le vois pas tout de suite comme un investissement?  

  

Non. On le considère comme une dépense, et on veut que ce soit rentable immédiatement. Mais ça prend du temps! Par contre, une fois qu’on délègue, on en perçoit vite les bénéfices. Ç’a été mon cas. En me libérant de plein de tâches, j’ai commencé à y voir plus clair. Et plus on délègue... plus on délègue! Comme entrepreneure, ça m’a permis de miser sur mes atouts. Parce qu’on n’est jamais le meilleur dans tout! 

  

Donc, savoir déléguer, c’est savoir bien s’entourer?  

  

Oui. Et il faut choisir des gens plus talentueux que soi. Plus on gagne en assurance comme entrepreneur, plus on veut des équipes fortes. Notre confiance devient plus stable, on a moins peur de se faire voler des idées et on réalise qu’on a besoin de professionnels qui sont au top dans leur domaine. On se contente d’être un bon chef d’orchestre. 

  

Tu racontes souvent que tu as commencé à confectionner des bijoux dans ta cuisine, il y a 14 ans. Pensais-tu que cette idée prendrait autant d’ampleur?  

  

Même au départ, je voulais être reconnue internationalement! Je crois qu’il faut une certaine folie pour se lancer. Mais est-ce que j’aurais sauté si j’avais su d’emblée toutes les embûches que j’allais rencontrer? Je ne sais pas... Ce n’est pas pour rien que plusieurs entreprises ferment au bout de trois ans... 

  

 

 

  

Comment as-tu fait pour passer à travers les moments plus difficiles?  

  

Une fois qu’on a les mains dedans, on n’a plus le choix. Il y a une énergie, une adrénaline, qui nous envahit. Ça ne s’explique pas; il faut l’avoir vécu. On est en mode survie. Si on lâche, on tombe. C’est dans les instants les plus durs que je me suis affirmée comme femme d’affaires. «En suis-je une ou non? Est-ce que je serais plus à mon aise dans un rôle de bras droit?» Ce sont des questions qu’il faut se poser en cours de route. Le but est de découvrir quel genre de leader on est. 

  

Crois-tu que la réussite provient de cette succession d’embûches?  

  

Tout change à partir du moment où on réalise que, oui, on va tomber. Mais qu’on va se relever. C’est de cette façon qu’on évolue dans tout! Les plus grandes leçons naissent des échecs. Quand ça va mal, on devient créatif et on trouve les meilleures solutions pour s’en sortir. Je ne dis pas que j’accueille les embûches avec joie, mais j’en ai vu d’autres, et je suis toujours passée à travers. 

  

Es-tu plus sensible quand c’est une entrepreneure qui te demande de l’aide?  

  

Oui, entre autres parce les femmes ont été intraitables avec moi au cours de ma carrière. Encore aujourd’hui. À tel point que je me suis juré de ne jamais faire subir cette attitude à une autre femme. En fait, j’admire celles qui me demandent de l’aide. Ça prend du front. Je les aiguille avec plaisir, parfois même quand leurs produits sont en concurrence avec les miens! Selon moi, il y a de la place dans l’industrie pour quiconque travaille fort. Inutile de perdre son temps à se comparer. Je me rends compte que plus on se sent épanouie dans son métier, moins on entretient ce rapport de rivalité. 

  

Quel genre de patronne es-tu?  

  

Dans la vie, on évolue bien en collaborant. Mes idées sont fortes, mais elles ont encore plus de poids lorsqu’elles rencontrent celles des autres. J’adore stimuler mon équipe. Quand j’embauche des gens, je veux les faire grandir. Montre-moi ce dont tu es capable et je vais t’aider à avancer! Au fond, je traite mes employés comme j’aurais eu envie qu’on me traite, moi, au début de ma carrière... 

  

Tu dis que tu es une artiste. Que tu as toujours été une artiste!  

  

C’est encore de cette façon que je me définis. À 100 %. Plus que jamais. Il faut toujours que j’ajoute ma petite touche. Je vois même le marketing comme une forme de création. C’est pour cette raison que c’est ma grande force! Et j’appelle mes designers dès que j’ai une idée pour un bijou. Je suis bourrée de flashs! Cela dit, je crée, mais je ne pellete pas des nuages. J’aime quand les choses se concrétisent. 

  

 Par: Mélanie Roy | Photos: Malina Corpadean | Stylisme Florence O. Durand 

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