Rencontre avec Véronic DiCaire: sensible et généreuse | Clin d'œil
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Rencontre avec Véronic DiCaire: sensible et généreuse

Douce, sympathique, enthousiaste: il est impossible de ne pas aimer Véronic DiCaire! Aucun doute, personne n’aurait été mieux qualifié qu’elle pour animer avec convivialité l’émission Ici on chante. Rencontre avec une artiste sensible et généreuse.


 

Ici on chante est une émission à la fois festive et touchante... Qu’est-ce qui fait que la magie opère à ce point, selon toi?

 


Je pense que c’est le contexte chaleureux de l’émission: on est dans un salon, pas sur une scène, donc on s’amuse plus qu’on ne performe. Je pense aussi qu’on fait notre émission avec honnêteté et sincérité, les artistes qui viennent ont vraiment envie de chanter ces chansons-là. Je dirais qu’elle est là, la petite magie. 

 

Tu fais beaucoup d’imitations dans l’émission. Quand t’es-tu aperçue que tu avais un talent pour imiter la voix des autres? 

 

Je pense que j’ai toujours fait des imitations. Ma mère m’a dit que j’imitais Pauline Martin dans la cour d’école quand j’étais petite. Je me suis toujours amusée à imiter les gens pour faire rire mon entourage, mais c’est vraiment en 2008, quand j’ai fait la première partie de Céline Dion, que ç’a été révélateur pour moi. Avant ça, j’en faisais un peu en répétition pour faire rire les musiciens. Puis j’en ai fait un peu en spectacle et, comme le public réagissait plus à mes imitations qu’à mon propre matériel, Rémon s’est dit qu’on tenait peut- être quelque chose. Et c’est là, quand j’ai commencé à vraiment travailler mes imitations, que je me suis rendu compte que j’avais ce talent-là.

 


 

Tout comme c’était le cas pour Céline avec René Angélil, ton agent, Rémon Boulerice, est aussi ton amoureux. Comment décrirais-tu votre partenariat?


 

Ce qui fait notre force, à Rémon et moi, c’est qu’on a appris notre métier ensemble. On a donc énormément de respect et de confiance l’un envers l’autre. On est vraiment une équipe: Rémon m’a toujours tenue au courant de tout, autant des finances que des projets à venir et tout le reste. Il ne m’en parlera peut-être pas quand je suis dans le «gros jus», comme on dit en bon français, car il est aussi là pour me protéger, mais ensuite on se réunit et on décide de tout ensemble. 

 


 

Votre relation, qui dure depuis 25 ans, est la preuve que le grand amour existe, non?


 

Je ne sais pas... (sourire ému) Mais ce que je sais, c’est que notre formule fonctionne. Pour Ré et moi, ç’a toujours été important de communiquer et de parler de nos attentes. Ce n’est pas toujours évident parce qu’on n’est pas nécessairement toujours conscients de nos propres attentes. Le respect aussi est extrêmement important. Et l’humour. Tout ça nous rend très complices. C’est peut-être cliché, mais j’ai l’impression d’avoir rencontré mon âme sœur, mon tout, alors à partir de ce moment-là, on ne se pose pas de question: on travaille ensemble autant sur notre métier que sur notre couple. Ce qui peut aussi expliquer un peu la longévité de notre relation, c’est qu’on a du plaisir à être ensemble autant comme couple que comme partenaires de travail. 

 


 

Cet amour-là doit te donner beaucoup de force, non? 

 

Oui, tellement! Il n’y a rien que j’aime plus que le moment où on se donne un petit bec avant que j’entre en scène. Et ensuite, je sais qu’il est là, avec moi, à la console. Rémon me parle dans l’oreille pendant mes spectacles, grâce à un écouteur. Quand la salle est moins facile ou qu’il sent le moindrement que je suis fatiguée — parce qu’on a beaucoup voyagé, par exemple —, il va me dire dans l’oreille: «Lâche pas! Je suis là.» Honnêtement, c’est super d’avoir ça dans sa vie! 

 

 

Es-tu de ceux qui considèrent que le bonheur est, jusqu’à un certain point, un choix?


 

Oui. Il ne vient pas facilement pour certaines personnes, mais le bonheur reste un choix. C’est d’ailleurs Rémon qui me l’a appris. J’étais adolescente — j’avais 15 ans quand je l’ai connu — et il me disait que parfois le bonheur est derrière la porte la plus éloignée et qu’il faut travailler pour s’y rendre. Le bonheur, ça se travaille. Mais on n’est pas obligé d’être tout le temps de bonne humeur non plus. Sur Instagram, Facebook et Twitter, on ne voit que du monde heureux avec de belles assiettes. (rires) C’est important, malgré les images que nous envoient les réseaux sociaux, de ne pas se mettre de pression. Il y a des jours où on a besoin d’être dans une autre zone d’émotions, et c’est bien correct. 

 


Tu considères que ton travail, c’est de te mettre au service du public pour lui apporter de la joie. D’où te vient cette vision si particulière de ton métier?


 

J’ai toujours aimé prendre soin des gens. À l’école, je me dirigeais vers le métier d’infirmière, mais quand mes professeurs m’ont vue arriver dans les cours de chimie et de sciences, ils ont dit: «Euh... qu’est-ce que tu fais là?» (rires) Et ils avaient bien raison, ma place n’était pas là. Mais le moment où j’ai véritablement compris mon métier, c’est quand une dame âgée est venue me dire, un soir après un spectacle, en France: «Vous savez, jeune fille, j’ai eu la chance de voir Édith Piaf quand j’avais 15 ans et je vous remercie parce que, ce soir, j’ai eu le plaisir de la revoir.» Ce soir-là, je m’en souviens, on a marché pour se rendre à l’appartement qu’on avait loué, et j’ai été silencieuse pendant tout le trajet. En arrivant, j’ai dit à Rémon: «Tu vois, c’est pour ça que je fais mon métier: pour faire du bien aux gens.» 

 


 

Penses-tu qu’un jour tu pourrais perdre la belle simplicité qui te caractérise?


 

Non. Souvent, ce que je constate autour de moi, c’est que ce n’est pas nécessairement l’artiste qui manque de simplicité, mais l’entourage qui accorde énormément d’importance à l’artiste pour le protéger. Mais quand on arrive au noyau, à l’artiste lui-même, on découvre quelqu’un de simple. Pour moi, il est hyper important de toujours le rappeler aux gens qui m’entourent. Et je ne sauve pas des vies non plus. Je ne suis pas un médecin sans frontière qui risque sa vie pour aider les autres. Moi, j’essaie juste de faire du bien à l’âme. D’ailleurs, quand les gens viennent me parler, quand je fais mes courses par exemple, on finit toujours par parler d’eux, de leur vie, de leur chien. Ils m’intéressent autant que je les intéresse. 

 


 

Être chaleureuse, enthousiaste, généreuse... ça doit être épuisant parfois, non?


 

(Rires) C’est sûr qu’il y a des fois où on ne voudrait pas être reconnu parce qu’on est malade ou qu’on file un mauvais coton. Tout le monde a des moments comme ça. Dans ce temps-là, il faut que je me parle un peu, mais les gens comprennent ça aussi. Il faut juste être honnête. Parce qu’il ne faudrait pas que cette simplicité-là devienne vulgaire non plus. Je ne veux pas être constamment en représentation. Il faut rester soi-même. Et avoir du respect pour les autres. Je pense aux techniciens qui montent mon stage, par exemple. c’est de la job! J’ai du respect pour leur travail. J’ai été élevée comme ça. Je suis entourée de gens qui sont simples, qui sont vrais. Et je viens d’un milieu qui est très simple. D’ailleurs, je suis certaine que mes parents, Linda et Gaétan, me ramèneraient à l’ordre si je venais à changer. 

 

Sophie Pouliot

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