J’ai testé: la permanente modernisée
Ma mère m’a toujours dit que j’avais les cheveux «raides comme de la corde de poche». Je cherche encore la signification de l’expression... Mais reste qu’elle a raison: aucune boucle ne résiste plus de quelques minutes sur ma tête. Est-ce qu’une permanente pourra changer la donne? J’ai prêté ma chevelure à la science (ou presque) pour en avoir le cœur net.
«Ce n’est pas ce que tu penses!», me lance Florence, styliste pour le Clin d’œil, alors que je complimente ses parfaites beach waves par un frisquet matin d’hiver. «Je suis nulle pour me boucler les cheveux. Ça, c’est une permanente!» J’en suis restée bouche bée.
Comme plusieurs, lorsque j’entends le mot «permanente», j’ai en tête Dolly Parton circa 1980: cheveux rêches, frisés à outrance, aussi volumineux que le veston à épaulettes criard que j’imagine agencé à sa coiffure. Pourtant et fort heureusement pour nous, les produits et les modes capillaires ont évolué pour le mieux, et la permanente n’est plus ce qu’elle était: elle permet à présent de donner à nos cheveux une panoplie de mises en forme.
Admirative devant les bouclettes légères et naturelles de florence et ne reculant devant aucun défi, j’ai pris la décision que j’allais, moi aussi, tester la permanente 2.0! Pour me rassurer avant l’expérience, je me suis d’abord entretenue avec le magicien derrière la crinière de notre styliste, le coloriste – et expert du bigoudi – Roch Lemay, du salon Pure, à Montréal.
Roch, qu’est-ce qu’une mise en forme permanente?
La permanente comporte plusieurs étapes. On commence par appliquer sur toute la chevelure une solution alcaline qui va ramollir les ponts sulfuriques au cœur de la fibre capillaire. Puis, après avoir rincé avec soin, on applique une mixture neutralisante pour fixer les ponts et donner ainsi au cheveu sa nouvelle forme.
Quelles formes peut-on donner à nos cheveux?
Tout dépend de l’outil utilisé! Pour des boucles plus définies, on utilise des bigoudis ou des bâtons. Selon leur circonférence, il est possible de créer des frisettes lâches ou plus serrées. Pour un look un peu déconstruit, on peut simplement napper la mixture sur des tresses. On se réveille ensuite avec des boucles parfaites tous les matins? non! (rires) la mise en forme permanente n’est pas une solution miracle! J’aime dire qu’elle agit comme un soutien à la mise en plis. Elle permet notamment de donner du volume et du corps aux cheveux qui en manquent, et d’économiser du temps le matin, fer et séchoir en main, puisque le cheveu garde une certaine ondulation en toutes circonstances. Les boucles deviennent donc plus faciles à créer, et tiennent beaucoup plus longtemps. Plus besoin de vider sa bonbonne de fixatif!
Comment coiffe-t-on notre chevelure permanentée?
On commence par bien l’entretenir! C’est primordial. Il faut s’armer de bons produits pour cheveux bouclés: shampoing, revitalisant, masque, crème définissante, sérum anti-frisottis... Personnellement, je travaille exclusivement avec les produits Davines, puisque je trouve que la gamme LOVE Curl répond précisément à ces besoins. Pour ce qui est de la coiffure, c’est au choix! On commence par sécher la chevelure en l’épongeant délicatement avec une serviette, sans frotter. Puis, on sèche à l’aide d’un diffuseur pour que les mèches gardent leur volume et leur ondulation. C’est ensuite l’heure de la mise en plis! Pour des vagues plus sages, on utilise un fer à friser, avec ou sans pince, ou un fer plat pour retravailler quelques boucles. Si l’envie de bouclettes folles nous prend, on empoigne les rouleaux chauffants, qu’on installe à la va-vite sur l’ensemble de la chevelure. On peut aussi obtenir de parfaites beach waves en lissant préalablement les cheveux, avant d’onduler quelques mèches à l’aide d’un fer plat. Finalement, pour un look naturel, on laisse les cheveux sécher à l’air libre (ou on les sèche sommairement avec un diffuseur), puis on leur donne de la texture et de la définition avec une noix de crème coiffante.
On est loin de la permanente «mouton» des années 1980, alors?
Absolument. A cette époque, c’était une solution «wash and wear», qui ne nécessitait presque aucune mise en plis, mais qui était hautement dommageable pour la fibre capillaire. Les produits qu’on utilise à présent sont plus doux. Résultat? La chevelure reste en santé, mais exige d’être coiffée. Elle nécessite un peu plus de travail et de manipulation!
Est-ce une procédure recommandée pour tous les types de cheveux?
Si elle est appliquée par un professionnel qui s’y connaît, oui! Qu’ils soient courts ou longs, épais ou fins, décolorés ou naturels, tant que les cheveux sont en santé et droits, on peut les permanenter. Pour les têtes déjà bouclées, mieux vaut opter pour un traitement à la kératine afin de lisser ou de définir les mèches. Je conseille toujours à la cliente de prendre rendez-vous pour une consultation au moins une semaine avant la permanente afin de répondre à toutes ses questions, d’analyser sa chevelure et de la chouchouter avec un traitement, si nécessaire. On peut ainsi mieux planifier la coloration ou les retouches, qui doivent parfois être réalisées quelques jours avant ou après la procédure, tout dépendant du travail à effectuer.
Combien de temps dure une mise en forme permanente?
Elle perd de son effet au fil du temps, mais si on l’entretient bien et selon la texture du cheveu, je dirais environ deux mois. Et si on décide de la renouveler, il est très important de retourner voir le même spécialiste, qui connaît maintenant notre chevelure et qui a en tête le montage de bigoudis original.
Combien doit-on s’attendre à débourser?
Selon la longueur des cheveux et le type de montage, entre 90 $ et 200 $.
LE TEST
Avant
Rassurée, je remets mes cheveux fins, raides et sans volume aux mains expertes de Roch. On commence par un traitement nettoyant, puis on passe au montage: la fameuse étape des bigoudis. Mes premiers à vie! J’ai rapidement l’air d’une ménagère des années 1950, et j’en profite pour envoyer quelques selfies à mes collègues qui attendent, intriguées, mon retour au bureau. Roch applique ensuite la solution alcaline à l’aide d’une éponge, qu’il laisse en place vingt minutes avant de rincer et d’enchaîner avec la solution neutralisante. Je ne peux plus faire marche arrière... Et je brûle d’impatience de voir le résultat! Surtout que les bigoudis commencent à tirer sérieusement sur mon cuir chevelu, et que l’odeur des solutions – plutôt désagréable – me donne la nausée. (la patience est une vertu que je ne possède décidément pas!)
Quelques heures plus tard, c’est le grand dévoilement. On me sèche les cheveux au diffuseur, et j’ai enfin le droit de me regarder dans le miroir. Je tombe des nues tellement j’ai peine à me reconnaître! Je n’ai jamais eu autant de volume. On affine ma mise en plis à l’aide de quelques coups de fer, et me voilà comblée: j’ai enfin de parfaites boucles, sans même une goutte de mousse ou de fixatif. Mais je doute de ma capacité à reproduire la gestuelle des experts du salon à la maison. Comme mes cheveux n’ont aucune tenue, je n’ai jamais appris à manier le fer. Vais-je réussir à me recoiffer aussi habilement?
De retour au bureau, les exclamations fusent de toutes parts. On adore ma nouvelle mise en plis. Fiou! Au réveil, le lendemain matin, ma crinière est sens dessus dessous, telle celle d’un jeune Jon Bon Jovi. Je panique un peu, surtout que ce soir-là, j’ai une invitation à un élégant bal de charité. Comme Roch m’a conseillé de ne pas laver mes cheveux avant 72 heures, je les démêle du mieux que je peux à l’aide d’un gros peigne, vaporise un peu de raviveur de boucles de Davines et travaille quelques frisettes à l’aide de mon fer plat. Résultat: une mise en pli chic, qui tiendra toute la soirée, même après des heures passées sur une piste de danse endiablée.
Après
LE VERDICT
Ce que je retiens de l’expérience? Que les solutions miracles n’existent pas – quoi qu’en disent certains blogues, qui promettent «de parfaites beach waves sans effort tous les matins» après une mise en forme permanente. La procédure comporte plusieurs avantages pour les cheveux plats qui manquent de vigueur, mais il faut savoir (et vouloir) manier le fer pour parvenir à reproduire les crinières de sirènes aperçues sur Pinterest.
Quelques semaines (et quelques lavages) plus tard, mes cheveux ont quasiment repris leur forme originale. Fini l’ondulation! Il arrive, semble-t-il, que la première permanente dure moins longtemps. Qu’à cela ne tienne, j’ai eu, durant quelques semaines, une toute nouvelle tête! Bien que mes boucles se soient dissipées, d’autres effets de la procédure persistent: mes cheveux sont aussi sains qu’avant, plus volumineux et mes mises en plis, qu’elles soient lisses ou bouclées, tiennent toute la journée!
LES POUR
- On obtient plus de volume.
- Nos cheveux ondulent naturellement.
- La manipulation de notre tignasse est plus facile.
- La mise en plis se fait en accéléré.
- Elle ouvre la porte à une multitude de nouvelles coiffures.
LES CONTRE
- Elle exige une mise en plis tous les matins.
- On doit apprendre à manipuler notre nouvelle forme et texture de cheveux.
- Elle doit être répétée tous les trois mois.
- La procédure est plutôt dispendieuse.
Photos: Imaxtree (mannequin), portraits