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Du beau et du bon

Acheter des cosmétiques et contribuer du même coup à améliorer l’environnement? On aime ça! À l’approche du jour de la Terre, on vous dit comment faire.

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Saviez-vous qu’en 2008, le marché mondial des cosmétiques avait atteint plus de 135 milliards de dollars, selon L’Oréal Finance? C’est énorme! Pas étonnant, donc, que nous soyons nombreuses à nous soucier des conséquences de cette industrie. Nos petits pots ont-ils été produits de façon éthique? Leurs ingrédients ont-ils été récoltés de façon écologique?

C’est pour répondre à ces préoccupations que plusieurs entreprises de beauté lancent des projets de développement durable. Qu’il s’agisse de replanter des forêts tropicales ou préserver une réserve faunique, les compagnies tentent de plus en plus de limiter leur empreinte environnementale.

Mais pourquoi un tel engouement? «De nos jours, on pose des questions auxquelles les entreprises de beauté n’avaient pas à répondre auparavant», explique Sylvain Lefèvre, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et chercheur à la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable.

Bien entendu, ce genre de philanthropie joue un rôle sur l’image de marque des compagnies. Selon Sylvain Lefèvre, offrir des programmes environnementaux offre un moyen pour les entreprises de se différencier de leurs concurrents. En plus de poser des bonnes actions, c’est aussi une nouvelle façon de faire du marketing.

Du cœur à l’action

Alors comment distinguer le vrai du faux? Et, surtout, comment s’y retrouver? Aujourd’hui, il est difficile de distinguer les bonnes intentions du greenwashing, une contraction des mots green («vert») et whitewash («dissimulation».) C’est pourquoi l’industrie a créé des symboles qui servent à repérer les produits certifiés bio et équitables. De petits autocollants posés sur les étiquettes nous indiquent aussi quel pourcentage de notre achat va à telle ou telle fondation.

Mais qu’est-ce qui détermine la façon dont les entreprises s’impliquent? Selon M. Lefèvre, «il y a environ 40 ans, c’était le grand patron qui décidait des actions par rapport à ses valeurs, son histoire, ses coups de cœur». La philanthropie actuelle est dite stratégique, affirme le pro. Pour faire son choix, l’entreprise tient compte de ses activités et de son public. La cause choisie est donc reliée très directement au cœur de l’organisation et à sa mission.

On pense notamment à Biotherm, qui puise principalement ses ressources dans l’eau et qui, l’an dernier, a annoncé son implication dans la sauvegarde de la biodiversité marine via un programme baptisé Water Lovers. L’objectif? Verser un minimum de 250 000 euros à l’organisme Mission Blue pour financer une réserve dans la mer de Ross (au sud de la Nouvelle-Zélande), où l’écosystème est menacé par la pêche industrielle et le réchauffement climatique.

Cela dit, certains créneaux sont saturés, et les marques doivent faire preuve d’innovation en matière de philanthropie. Korres (une entreprise grecque qui formule ses produits à l’aide d’extraits végétaux) a fait don à la Grèce d’un cadeau peu commun: une cartographie indiquant quels espèces de la flore peuvent être plantés sur quelles portions de terrain du pays. Avec cet outil, les agriculteurs grecs pourront améliorer leurs récoltes et aider au roulement de l’économie.

Un portrait changeant

Alors oui, redonner est à la mode. Mais est-ce devenu une nécessité? «Avant, on devait justifier pourquoi on se lançait dans de telles entreprises. Maintenant, on doit justifier pourquoi on ne le fait pas, explique M. Lefèvre. Mais attention! Si c’est obligatoire, il ne s’agit plus de la philanthropie.»

D’autant que, comme vous vous en doutez, ce travail éthique se joue à deux. Certes, les marques contribuent beaucoup à ces actions philanthropiques, mais rien ne serait possible si nous, consommateurs, n’étions pas réceptifs. Les changements se font dans les rayons des pharmacies près de chez-nous (qui réservent de plus en plus de place aux produits écologiques), mais aussi au sein de notre réflexion personnelle.

Parce qu’en bonnes consommatrices que nous sommes, nous nous demandons quel est notre rôle là-dedans. Devons-nous changer nos habitudes? Certaines délieront leur bourse (dans la limite du raisonnable) pour se procurer un petit pot certifié équitable ou bio, dont le contenu n’est pas testé sur les animaux et dont les ingrédients ne paraissent pas trop chimiques. Tandis que d’autres, encore sceptiques, hésiteront à changer leurs habitudes devant des produits de gammes et de vertus similaires à des prix semblables. Et vous, où en êtes-vous?

 

Cinq initiatives qu’on aime

Qui? Lise Watier

Son action? Reverser 100 % des revenus de la vente du rouge à lèvres Rose Tendresse et du Gloss Lumière d’Espoir.

Ses réalisations? Depuis 2010, année où a été inauguré le Pavillon Lise Watier, financé par la Fondation Lise Watier et associé à la Mission Old Brewery pour l’hébergement de femmes d'ici sans logis ou en réinsertion sociale, plus de 400 000 $ ont été amassés.

Sa récompense? Lise Watier a été nommée Officier de l’Ordre du Canada pour son appui aux femmes défavorisées par les actions de sa fondation éponyme.

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Qui? Yves Rocher

Son action? La fondation Yves Rocher a développé en 2007 l’initiative Plantons pour la planète, suite à une rencontre entre Jacques Rocher, le fils d’Yves Rocher, et de la professeure et biologiste kényane Wangari Mataai, récipiendaire d’un prix Nobel de la paix pour sa contribution au développement durable et marraine d’une campagne des Nations Unis pour la plante d’un milliard d’arbres dans le monde. Ses réalisations? L’objectif atteint, la mission de la Fondation Yves Rocher est maintenant de planter 50 millions d’arbres d’ici 2015. Après l’Amazonie, la France et Madagascar, une première plantation sera faite en Amérique du Nord, cette année, alors que 1500 arbres seront plantés sur le Mont-Royal de Montréal.

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Les élèves participant au programme Free the Children/Enfants Entraide

Qui? Dior

Son action? Les profits de la vente des rouges à lèvres Grège, nuance que l’actrice a choisie, sont remis sous forme de bourses de scolarité.

Ses réalisations? Donner son appui à la fondation Enfants Entraide/Free the Children pour assurer notamment l’éducation de jeunes filles de la réserve natioanle du Masai Mara, au Kenya, cause pour laquelle leur égérie Natalie Portman est le porte-étendard.

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Qui? The Body Shop

Son action? Participer au commerce équitable: 80 % des produits manufacturés par l’entreprise contiennent au moins un ingrédient issu de cette forme d’échanges. La compagnie travaille donc de pair avec plus de 20 fournisseurs répartis dans des régions du monde où les gens dépendent des ressources naturelles exploitées par The Body Shop.

Ses réalisations? Grâce à cette collaboration, trois centres médicaux et dix pré-maternelles ont été mis sur pied au Ghana.

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Qui? Klorane

Ses actions? La marque, qui utilise les plantes pour la fabrication de ses produits, réintroduit des espèces herbacées rares dans leurs milieux naturels. À noter que cette année, l’entreprise versera 1 $ au Jour de la Terre pour chaque produit capillaire vendu entre les 15 et 28 avril.

 

Jessica Paradis

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