Le chien de mon chum prend toute la place... je fais quoi?
Aahhh, chère Vanessa-prête-à-mordre! Pourquoi une telle grogne?
Parce que vous n’en pouvez plus du lien fusionnel entre Julie, votre fiancé et Rocky, son pitou chéri. Depuis que la «p’tite bête à poils» est arrivée dans vos vies, c’est comme si vous n’existiez plus. Vous pensiez naïvement qu’un chiot vous préparerait à la vie de famille. Erreur... Depuis presque un an, TOUT tourne autour du chiot, du matin au soir. Même au lit, Julien ne peut s’empêcher d’en- rouler son protégé dans sa mini couverture de laine bio en lui susurrant: «Fais de beaux rêves, mon Roro», sans même vous embrasser. Bref, vous vous sentez délaissée. Avec raison. Si bien que sous le coup de l’émotion, j’allais vous dicter rien de moins qu’un commandement: ton copain ingrat, tu fuiras, s’il aime son chihuahua plus que toi. Mais voilà, j’ai fait mûrir ma brillante réflexion. Car fuir ne règle pas tout. Parfois, on gagne à marquer son territoire. C’est pourquoi je vous ai concocté une tactique aussi féroce que loufoque pour survivre aux élans excessifs de votre chum cynophile.
Ça va comme suit: ce soir, quand votre homme rentrera à la maison, jetez-vous sur lui comme si demain n’existait pas. Sautillez autour de lui. Grimpez sur ses mollets. Aboyez de joie. Puis tournez agilement sur vous-même. Si vous vous sentez d’attaque, tendez-lui un de ses Nike furieuse- ment mâchouillé. Je parie que vous capterez son attention. Peu importe qu’il soit «flabbergasté» par votre comportement soudainement canin, ne lâchez pas le «nonoss» (évidemment, vous aurez pris soin de déposer l’adorable quadrupède chez le véto pour son premier détartrage annuel, histoire d’avoir le champ libre).
Une fois à table, quémandez (griffes manucurées sur la cuisse et regard insistant) une bouchée de son faux-filet de bœuf saignant (on s’entend que vous serez moins crédible devant une tranche de tofu, même crispy). Dans la foulée, zyeutez la laisse accrochée dans l’entrée, signe que c’est le moment d’aller renifler le premier poteau venu. Si, si... même si on se les gèle! Au retour, votre promeneur épuisé vise le canapé? Devancez-le pour mieux réchauffer sa place, où vous aurez dispersé quelques-uns de vos précieux cheveux. Blottissez-vous sur votre proie... Reniflez-la. Il n’en reviendra pas. Léchez-lui le visage. Points bonis si vous bavez légèrement (mais bon, vous avez votre dignité). Bref, ne le lâchez pas une nanoseconde. C’est si foooort, l’amour !
L’idée, en somme, c’est de vous rendre compte, tous les deux, de l’absurde de la situation. Primo, ça amènera Julien à vous demander ce qui vous prend tout à coup. Secundo, ça vous dispensera d’avoir à pousser les hauts cris pour que votre douce moitié s’intéresse de nouveau à vous. Vous épuiserez le sujet. Bingo! Cela dit, si rien ne change, déguisez-vous en courant d’air pendant une nuit ou pour... la vie. À vous de voir. Enfin, quoi que vous décidiez, chère Vanessa, ne balancez surtout pas à votre futur (ex?) époux un pathétique: «C’est Rocky ou moi!» en lui jetant votre anneau à la tête. Vous valez mieux que ça. Oui, parfois l’amour rend bête, mais pas à ce point-là !