L’art du bain: une histoire de «self-care» qui ne date pas d’hier | Clin d'œil
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L’art du bain: une histoire de «self-care» qui ne date pas d’hier

Se prélasser dans l’eau chaude des heures durant ne date pas d’hier. Gros plan sur le bain et ses particularités à travers les âges.

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ALAMY (M. MONROE ET J. ROBERTS)

Archimède a beau y avoir crié «Eurêka!» après avoir trouvé le principe de la poussée qui le rendra célèbre, nous, on a plutôt tendance à faire de notre baignoire un lieu sacré de détente et de bien-être pour nous déconnecter des affres du quotidien.

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Chacune a son rituel, mais les bases demeurent les mêmes, à quelques détails près: des bougies, une musique douce, des huiles essentielles, des mousses parfumées ou une bombe effervescente et, à l’occasion, un verre de vin bien mérité. Et, surtout, on préfère être seule, loin de la foule et du bruit... une chose qu’on aurait difficilement pu imaginer dans l’Antiquité!

Le bain de l’histoire 

Selon la légende, Cléopâtre prenait des bains au lait d’ânesse pour préserver sa beauté et sa jeunesse. Le mythe voudrait d’ailleurs que la reine d’Égypte ait eu besoin de faire traire 700 ânesses pour sa trempette quotidienne. Vraie ou pas, l’anecdote a au moins le mérite de montrer une réalité – cette fois-ci vérifiée – de l’époque: le bain est alors une pratique répandue et appréciée. D’abord introduits par les Grecs vers la fin du 5e siècle avant notre ère, les thermes se répandent d’un côté et de l’autre de la Méditerranée. Les Romains en sont particulièrement friands. Ils s’emparent de ces bains publics pour en faire des lieux grandioses et communautaires. De Rome aux confins de l’Empire, ces bâtiments destinés à l’hygiène – où les hommes comme les femmes se retrouvent (chacun de leur côté) pour faire leur toilette, mais aussi pour discuter, faire du sport ou se cultiver – se multiplient. Les plus grands possèdent de nombreuses salles, comme le frigidarium (une piscine froide), la natatio (un bassin à température ambiante), le caldarium (une pièce d’eau chaude) ou encore le sudatorium (une sorte de hammam). Mais ce spa avant l’heure prend malheureusement le bord avec la chute de l’Empire...

Les dérives de l’hygiène 

En Chine, en Inde et au Japon, les moines bouddhistes encouragent la baignade dès le 8e siècle. Toutefois, les bains publics ont, en Europe, mauvaise réputation au Moyen Âge. Certains offrent en effet des «services» érotiques à la carte, ce qui leur vaut d’être bannis par l’Église. Pour autant, cela n’empêche pas les seigneurs de proposer à leurs invités de marque de barboter ensemble dans des cuves qu’on appelle «baigneresses», un luxe pour l’époque... avant que la baignade ne soit tout simplement proscrite en Europe à partir de la Renaissance. On croit de fait que l’eau, puisqu’elle favorise l’ouverture des pores, permettrait aux maladies et aux infections de pénétrer la peau plus facilement. Cette croyance dure toujours sous le règne de Louis XIV, qui fuit les bains comme la peste, à moins que la trempette ne soit prescrite par ses médecins en cas de maladie, comme un moyen de combattre le mal... par le mal! Au quotidien, on préfère la «toilette sèche», qui consiste à se frotter le corps à l’aide d’un linge, à s’asperger de parfum et, surtout, à changer de chemise plusieurs fois par jour (et par nuit!). On la veut propre, évidemment, et blanche comme neige, un synonyme de luxe et donc de haut rang.

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Cet écart d’hygiène ne persiste (heureusement) pas trop longtemps. La salle de bains commence à faire son apparition sous Louis XV, au 18e siècle, avant de prendre son essor un siècle plus tard, grâce à l’émergence de l’eau courante. Il faut dire qu’en Europe comme en Amérique, les mentalités changent et les scientifiques vantent désormais les mérites de la propreté et du savon pour combattre les germes! La thalassothérapie et les cures thermales – qui prônent de se soigner par les bains – gagnent d’ailleurs en popularité. Elles guériraient les rhumatismes, la tuberculose, la stérilité féminine ou encore la folie... avec plus ou moins de succès. Quant au commun des mortels, il se rend dans les bains publics – qui refont alors leur apparition. Les plus chanceux achètent ou louent une baignoire qu’ils installent à la maison. En bois ou en cuivre, elle accueille alors tous les membres de la famille, qui s’y succèdent une fois par semaine (le patriarche d’abord et le cadet en dernier). Mais ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du 20e siècle que l’idée de se laver tous les jours prend véritablement forme en Occident... et que le bain devient – enfin – un moment privilégié pour prendre soin de soi et se reposer!

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