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Le charme nostalgique des chansons de Noël

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Certains artistes refusent de se taper une reprise pop-rock de Petit papa Noël. Une interprétation forcée de Vive le vent, à la petite école, a peut-être laissé des traces indélébiles... D’autres, par contre, considèrent la musique de Noël comme un passage obligé, une tradition plus forte encore que la dinde du 25 décembre. Mais qu’est-ce qui fait que la musique de Noël nous touche autant?

Sur son album Reprises Vol. 1, paru en 2016, Safia Nolin nous livrait sa version de Sentier de neige, des Classels, sortie pour la première fois en 1964. Si la chanson compte plus de 50 ans d’existence et de nombreuses interprétations à toutes les sauces, entre les mains de Safia, elle est devenue complètement autre chose. «C’est la plus sous-estimée des chansons de Noël, affirme Safia. C’est triste as fuck! Tu peux t’imaginer le paysage gelé et voir dans ta tête la personne que tu aimes. C’est universel.» 

Certes, le texte de ce classique québécois la touche, mais selon Safia, l’ingrédient secret de toute bonne chanson de Noël qui se respecte, c’est la nostalgie qu’elle suscite. «23 décembre, de Beau Dommage, est un véhicule à voyager dans le temps. Chaque fois que je l’entends, je me retrouve dans l’auto, enfant, avec ma sœur. Ma mère déneige le pare-brise. Nous, on est coincées bien au chaud dans nos habits de neige sur la banquette arrière», se remémore la chanteuse. Elle n’écrira donc pas de chanson de Noël originale, pas pour l’instant du moins. «Honnêtement, je ne sais pas si on peut écrire une bonne toune de Noël aujourd’hui, alors qu’il y a tellement de belles reprises à faire.»

Elle partage son amour des festivités de fin d’année et de nombreux souvenirs avec son ami Elliot Maginot, qui vient d’ailleurs d’écrire une toune originale. «C’est l’histoire de la mère Noël qui est tannée de devoir partager son mari avec tout le monde pendant le temps des fêtes!» rigole l’auteur-compositeur-interprète. La musique des fêtes n’a plus de secret pour lui. Il est persuadé que le moment est toujours bon pour en écouter. «Cette année, j’ai eu une passe de musique de Noël en août. Et je crois que le mois de décembre en solo, que beaucoup ont vécu l’an dernier, a montré l’importance de la musique pour vivre un beau Noël.»

Avec Safia Nolin, il a interprété Marie-Noël, de Robert Charlebois, à l’émission de télévision Belle et Bum, en 2018. Un duo qui a marqué les deux amis. «C’est un souvenir qui me reviendra tous les hivers, lâche-t-il. Pour la chanson en soi, mais surtout pour le moment partagé avec mon amie: c’est ça qui était riche.»

Chacun sa nostalgie  

La nostalgie n’a pas besoin de venir de loin pour toucher Jérôme 50. Si l’auteur-compositeur-interprète éprouve un grand plaisir à réentendre les pièces instrumentales de l’album de Noël de Charlie Brown, c’est son amour de jeunesse pour la emo pop qui prend le dessus au cours de cette période. «L’Américain Never Shout Never avait sorti Eat Me While I’m Hot contenant la chanson 30 Days, se souvient-il. C’est probablement la première chanson que j’ai apprise.» 

Dans son tiroir à souvenirs, il se rappelle la seule cassette qu’il possédait pour son magnétophone Fisher-Price: Joyeux Noël, de la Compagnie Créole. Hormis les vives réminiscences qui ont forgé son rapport à la musique des fêtes, c’est surtout le désir de dénoncer la surconsommation qui l’a motivé à traduire et à adapter, avec Hubert Lenoir, la chanson Santa Baby, en 2017. Une version sur laquelle on entend entre autres «Santa Baby, achète-moi un condo à Dubaï.» Pas classique.

Vivre la musique ensemble  

Moitié Inuite et moitié Mohawk, l’autrice-compositrice-interprète Beatrice Deer est née et a grandi au Nunavik, dans le village de Quaqtaq, au nord du Québec. Noël se dresse au cœur de ses préférences musicales. Sur son album An Arctic Christmas, elle reprend entre autres Sainte Nuit en inuktitut: Unnuaq Upinnaq

Comme Safia Nolin, l’idée d’adapter des classiques la séduit. Pour elle, le récit doit raconter une histoire personnelle et puissante. «J’ai écrit une chanson de Noël sur ma rencontre avec mon mari. Il venait travailler pour la DPJ dans mon village et a débarqué au mois de décembre. Je l’ai invité à venir célébrer avec nous la veille de Noël, parce que je voulais danser avec lui. Il a dit oui.»

Dans son village, la tradition se déploie dans les danses et les chants. «Ça se passe dans la salle communautaire, raconte Beatrice. Ma mère joue de l’accordéon et mon père, de la guitare. On porte tous nos plus beaux vêtements. À minuit, mes cousines et moi chantons Silent Night en inuktitut. Tout le monde est debout, on pense à nos proches qui ne sont plus là. En soirée, on mange tous dehors, même s’il fait 40° sous zéro. On savoure nos plats typiques: le poisson, le béluga fermenté, etc.»

Ses premiers souvenirs liés à ces moments festifs en communauté remontent à la petite enfance. «On collait notre oreille sur les planchers pour sentir les vibrations de la danse», se rappelle-t-elle. La nostalgie, encore une fois, n’est pas bien loin.

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