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​​Parler l’inclusif: lexique et bonnes pratiques

L’inclusion, c’est l’affaire de tout le monde.

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Ça passe par des gestes, des paroles et des considérations qui peuvent faire une grande différence dans la vie des personnes appartenant à la diversité sexuelle et à la pluralité des genres. Quelques conseils pour adopter une attitude plus inclusive et bienveillante dans nos interactions orales quotidiennes.

Remettre les pendules à l’heure: quelques définitions  

Pour bien comprendre les enjeux, il faut d’abord s’assurer de comprendre les réalités vécues par les personnes 2SLGBTQ+ (soit lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, en questionnement et bispirituelles). Mise au point: l’ensemble des codes utilisés pour signaler un genre – comme l’habillement la coiffure, le maquillage, la façon de parler ou la démarche –, c’est ce qui s’appelle l’expression de genre.

L’identité de genre, en revanche, renvoie au genre auquel nous nous auto-identifions. Tout le monde a une identité de genre. C’est quelque chose qu’on ressent et qu’on vit à l’intérieur de nous. On ne peut jamais être certain de l’identité de genre d’une personne, jusqu’à ce qu’elle nous en parle.

Une personne cisgenre (ou cis) est une personne qui s’identifie elle-même et par elle-même au genre qui lui a été attribué à la naissance et, à l’inverse, une personne transgenre (ou trans) est une personne dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe qui lui a été assigné à la naissance.

Le terme «non-binaire» peut être utilisé par les personnes qui situent leur genre quelque part entre les polarités «homme» et «femme», ou complètement en dehors de ce système binaire du genre. Il existe d’autres identités de genre, comme agenre (une personne qui n’appartient à aucun genre) ou fluide dans le genre (qui peut varier), par exemple.

Au-delà du masculin et du féminin  

Souvent, la binarité entre le masculin et le féminin qu’on observe dans la langue – et qui est d’ailleurs le reflet de celle qu’on observe dans la société – ne tient pas compte de la réalité vécue par de nombreuses personnes 2SLGBTQ+.

Encore aujourd’hui, la plupart de nos interactions reposent sur un modèle hétéronormatif et cisnormatif, c’est-à-dire qui présuppose que l’hétérosexualité et le fait d’être cisgenre représentent la réalité de tout le monde. Pour contourner ces préjugés et donner une visibilité aux personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres, il existe plusieurs solutions toutes simples, mais efficaces.

S’habituer à demander et à indiquer nos pronoms  

Elle, il, iel, ille, el, ol, ul... Aux pronoms que l’on connaît depuis longtemps s’ajoutent plusieurs autres, neutres. Par exemple, les pronoms inclusifs «iel» et «ille» proposent une désignation non genrée en combinant les pronoms personnels «il» et «elle». Mais comment deviner les pronoms qu’une personne utilise? Justement... on ne peut pas le savoir. Et pour éviter les maladresses que des suppositions pourraient entraîner, il vaut mieux demander à la personne avec laquelle on discute quels pronoms elle emploie. Si le fait de poser cette question nous déstabilise de prime abord, on s’aperçoit rapidement qu’en laissant nos vieux réflexes de côté, on a beaucoup plus de chances d’avoir une interaction fructueuse et respectueuse. Pour y aller en douceur, on peut d’abord se présenter, indiquer nos pronoms et inviter de façon sympathique et accueillante les autres à le faire en retour: «Salut, je m’appelle Étienne, j’utilise le pronom “il”. Ça va aujourd’hui?» Il ne faut pas non plus forcer les choses. L’important est de faire en sorte que la personne avec laquelle on discute se sente à l’aise de nous dire (ou pas) les pronoms qu’elle emploie. Pour se familiariser avec cette pratique, on peut aussi prendre l’habitude d’indiquer nos pronoms dans la signature de nos courriels, sur les réseaux sociaux ou à côté de notre nom, dans des visioconférences. L’essayer, c’est l’adopter!

Dégenrer nos idées pour dégenrer nos paroles  

Parler l’inclusif, c’est aussi plein de petits gestes et de pratiques linguistiques à intégrer au quotidien. Tout n’est pas question de pronoms: en même temps qu’on dégenre la langue, on doit aussi dégenrer nos idées et se méfier des suppositions. Combien de fois vous a-t-on demandé si vous aviez un chum? Ou une blonde? Les apparences sont parfois trompeuses. Il vaut mieux ne jamais tenir pour acquises l’orientation sexuelle et l’identité de genre d’une personne.

Bref, pour adopter une attitude plus inclusive, on cherche les mots, les formulations ou les structures de phrases neutres: «Es-tu en amour?» plutôt que «Es-tu amoureux·se?», «parent» à la place de «père» ou «mère», «partenaire» au lieu de «conjoint·e, blonde, chum» ou «personne» plutôt que les termes «homme» et «femme». On peut facilement éviter les faux pas en troquant nos «Bonjour, Madame» et «Bonjour, Monsieur!» pour de simples «Bonjour!» Et à l’oral, pourquoi ne pas utiliser des mots qui se prononcent de la même manière au féminin et au masculin, tels que les adjectifs se terminant en -é·e, par exemple, comme doué·e plutôt que talentueux ou talentueuse?

Objectifs: bienveillance et ouverture!  

On peut avoir tendance à se braquer ou à prendre peur lorsqu’une façon de faire qui nous sort de notre zone de confort se présente à nous. Si on vous fait des remarques et si une personne vous reprend sur les paroles que vous venez de prononcer, faites preuve de sensibilité. Les personnes 2SLGBTQ+ ont un vécu riche et une grande expertise sur la question de leur identité. Il faut apprendre à recevoir leurs interventions et chercher à s’améliorer plutôt que de voir les remarques comme des critiques ou des obstacles à la conversation. En étant accueillant·e et réceptif·ve à ces commentaires, on montrera une ouverture propice à l’apprentissage et, plus fondamentalement, au respect!

Les quelques conseils donnés ici ne sont qu’une série d’exemples faciles à suivre pour adopter une attitude plus inclusive. 

Pour aller plus loin, voici quelques ouvrages:

Mieux nommer et mieux comprendre: Changer de regard sur les réalités de la diversité de genre et les enjeux trans (toutes les définitions données dans cet article en sont tirées), Conseil québécois LGBT, 2020, disponible en ligne gratuitement, conseil-lgbt.ca.

Apprendre à nous écrire: Guide et politique d’écriture inclusive, Les 3 sex* et Club Sexu, 2021, commande en ligne à clubsexu.com, 38 $.

Pour une explication plus exhaustive du lexique: Lexique de la diversité, Interligne, alix.interligne.co/vocabulaire-diversite.

À VOIR : Des stars hollywoodiennes qui se sont complètement transformées pour un rôle 

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