Mélanie Venditti : autour de soi

S'arrêter, prendre du recul. Tourner un peu sur soi pour changer de perspective : c'est ce que Mélanie Venditti, qui a entre autres collaboré avec Jesse Mac Cormack, Thierry Larose et San James, s'est permis de faire avec Projections, son lumineux microalbum qui verse dans l'électro-pop.
Après Épitaphes (2019), un premier album prenant racine dans le deuil, tu reviens à un son plus proche de ton premier microalbum, Sans titre (2017).
Épitaphes était très cérébral! La vie m’a envoyé une épreuve que j’ai eu besoin de traverser en m’exprimant par la musique. Ç’a vraiment été une thérapie! Là, je vais un peu mieux. (rires) Je suis redevenue la Mélanie qui a envie de créer de façon moins viscérale.
Est-ce qu’on pourrait dire que Projections est un retour aux sources plus qu’un changement de trajectoire?
Absolument. À la base, je vais naturellement vers des sons plus pop et plus rock. J’avais envie de m’amuser, d’être plus spontanée. Je me suis donc intentionnellement dirigée vers une musique plus rythmée...
Un écrin pour des textes qui abordent des thèmes parfois difficiles, comme le rapport à l’image, la trahison et même la haine...
J’ai essayé de me détacher de ce que j’ai vécu en employant le plus possible le «on». Mon «tu» ne s’adresse pas nécessairement à une personne en particulier. Projections parle beaucoup du regard de l’autre sur soi. Plus jeune, j’avais vraiment de la difficulté à savoir ce que je voulais projeter, qui j’étais en tant qu’artiste. C’est paradoxalement l’aspect le moins important pour moi. J’ai dû m’adapter, surtout aujourd’hui où, avec les réseaux sociaux, l’image précède la musique.
Tu manies non seulement la guitare, le thérémine et les synthétiseurs, mais tu portes aussi le chapeau de réalisatrice. Comment as-tu trouvé ce rôle?
C’était vraiment plaisant, même s’il est difficile d’avoir le recul nécessaire par rapport à sa propre musique. C’est souvent pour cette raison que certains artistes décident – bien qu’étant eux-mêmes réalisateurs – d’aller chercher un œil extérieur. Mais je sais que j’ai le désir de réaliser pour d’autres; c’est ce qui m’a poussée à le faire pour ma propre musique. Peut-être va-t-on me le demander maintenant?! Encore aujourd’hui, on a tendance à engager des hommes plutôt que des femmes...
Justement, tu évolues dans le milieu depuis une dizaine d’années. Quel est ton regard sur la situation des femmes en musique?
Je sens un mouvement positif depuis deux ans environ. Je pense que certains hommes ont un sentiment de culpabilité face aux inégalités... J’accompagne des artistes aux Francouvertes, et je le vois: la parité s’en vient. Ça va prendre encore un moment, mais j’ai envie de dire aux jeunes filles qui veulent faire de la musique de foncer et d’accepter les engagements, même si elles ne se sentent pas compétentes. L’expérience crée la compétence!